Zoom sur : la Semane Internationale de Sociologie : : Όλοι μαζί ! [Oli mazi !] Tou·te·s ensemble ! La Grèce à l’honneur
-
Du 24 mars 2025 au 28 mars 2025false false
En organisant la IXème « semaine internationale de sociologie », Réguina Hatzipetrou-Andronikou, Thibaut Menoux et Fabienne Pavis relancent cette année un dispositif pédagogique de l’UFR qui était entré en sommeil. Du 24 au 28 mars 2025, c’est la Grèce qui est mise à l’honneur
- Pouvez-vous nous présenter le principe de cet événement ?
La Semaine internationale de sociologie (SIS) constitue une manifestation annuelle portée par l’UFR de sociologie en collaboration avec le CENS (Centre nantais de sociologie, UMR CNRS 6025) qui met en avant un pays étranger ou une thématique internationale durant toute un e semaine. L’objectif est avant tout de renforcer la curiosité intellectuelle des étudiants de licence et d’élargir leurs horizons culturels en proposant un format innovant. Cette semaine-là, les étudiants découvrent en effet des invités étrangers ou spécialistes d’un pays étranger dans certains de leurs cours habituels. La SIS incarne ainsi pleinement la vocation de l’UFR d’articuler formation et recherche. Les étudiants ont également l’opportunité d’appréhender l’activité scientifique de leur établissement en participant à des conférences qui s’adressent à un public varié : étudiants de licence mais aussi de master, étudiants de sociologie, mais sont invités également les étudiants d’autres cursus, chercheurs de différentes disciplines. Les étudiants peuvent ainsi se confronter à des chercheurs qui travaillent parfois avec des méthodes et des approches différentes de celles dont ils ont l'habitude. L’UFR prend également appui sur cet événement pour renseigner ses étudiants sur les possibilités qui leur sont offertes de mener une partie de leurs études à l’étranger et ainsi internationaliser leur parcours, notamment par le biais des programmes d’échanges ERASMUS et avec l’appui de l’association « Autour du monde ». L’événement est également l’occasion d’ouvrir l’UFR et son public à d’autres partenaires extérieurs, hors Nantes université, à une échelle locale, nationale et internationale (associations, acteurs culturels, autres universités, etc.). Ainsi cette SIS constitue-t-elle un dispositif fédérateur qui contribue à impulser une dynamique collective particulière durant une semaine en resserrant les liens entre les étudiants, les enseignants, les chercheurs autour de thématiques internationales cruciales pour tous, et en créant des liens locaux, nationaux et internationaux avec les acteurs extérieurs.
- Comment avez-vous conçu cette édition 2025 ?
Cette année, l’enjeu est particulier puisqu’il s’agissait de reprendre la SIS dont la série s’était interrompue depuis le déménagement de l’UFR de sociologie sur le site Tertre et la crise sanitaire en 2020. Or il avait en effet été décidé collectivement de relancer ce dispositif interrompu. Pour cette 9ème édition qui se déroulera du lundi 24 au vendredi 28 mars 2025, c’est la Grèce que nous avons choisi de mettre à l’honneur : Όλοι μαζί! Tou·te·s ensemble ! Ce pays européen à la culture multiséculaire traverse, dans son histoire récente et contemporaine, des enjeux qui entrent pleinement en écho avec les thématiques abordées en licence par nos étudiants : crise économique, bouleversements climatiques, question migratoire, tensions et rapports de force au sein de l’Europe, etc. C’est aussi un pays qui est concerné par des enjeux susceptibles d’être connus de nos étudiants dans un contexte français (rapports sociaux de genre, inégalités d’accès à la culture ou à l’enseignement supérieur, ou encore opposition rural/urbain), mais qu’ils connaissent moins lorsqu’ils se déclinent sur un autre territoire national. Un autre enjeu important pour nous était de faire varier également les supports pédagogiques, la SIS est l’occasion de convier les étudiants à des projections/débats de films, d’une conférence sur la base de photographies projetées, de proposer un format table ronde, de leur offrir un panier-repas en lien avec le pays choisi ou encore d’organiser une soirée musicale de clôture. Oit cela n’aurait pas été possible sans l’aide précieuse de nos collègues administratifs (Maria Le Cam et Sandrine Atienza-Théophane pour la logistique, Marie Arbelot pour la BS, Amélie Canu pour la communication).
- Quel est le programme que vous nous avez concocté ?
Notre fil rouge, la question de faire collectif, de vivre « tou·te·s ensemble », se pose d’abord à travers l’urgence de l’accueil des migrant·e·s dans un pays situé à l’avant-poste des routes migratoires européennes : c’est à un regard attentif aux enjeux de l’(in)visibilisation du passage des migrant·e·s en milieu urbain que nous initiera Regina Mantanika. C’est aussi dans le passé que l’on retrouve, dans ce même milieu urbain, les traces tragiques du vivre ensemble, comme nous le montrent la série de photographies tirées du livre Cimetière fantôme de Martin Barzilai qui a traqué les vestiges de la présence juive à Thessalonique, incorporés dans les matériaux de construction, et qu’il nous présentera sous forme de projection commentée (livre empruntable à la BS). Ce fil rouge nous invite également à réfléchir aux moyens collectifs de réagir face aux enjeux écologiques et pour résister aux grands projets polluants, à l’image de Dimitra et Garifalia, deux adolescentes filmées par Niki Velissaropoulou dans son documentaire « Nous ne vendrons pas notre avenir » (DVD empruntable à la BS) , qui, cette fois en milieu rural, se socialisent à la lutte collective contre un projet de mine d’or en Chalcidique : nous en débattrons à l’issue de la projection de son film documentaire. En Grèce comme en France, les enjeux de faire collectif se posent d’ailleurs aussi à une échelle institutionnelle, et sont particulièrement perceptibles à travers les effets du démantèlement des services publics. Du côté de nos système collectifs de santé d’abord : l’exemple grec, analysé par Noëlle Burgi, permet de discuter un « nouveau modèle social européen » censé renforcer certains déterminants sociaux de la santé mais qui se réduit en réalité à quelques prestations tout juste suffisantes à la survie des dépossédé·e·s. Du côté des communautés universitaires ensuite : la question de faire collectif, et de faire quel collectif se pose à travers les politiques de restrictions à l’accès à l’enseignement supérieur public : nous y réfléchirons tou·te·s ensemble grâce à une table ronde faisant jouer la comparaison Grèce-France avec Thomas Maloutas et Sophie Orange. Il sera également possible aux étudiant·e·s de se restaurer avec un panier-repas grec offert par l’UFR (les contremarques seront distribuées jeudi matin). Et pour terminer en musique, nous vous proposerons de décliner la question du vivre ensemble dans le domaine musical : de façon scientifique d’abord, à travers la réflexion de Reguina Hatzipetrou-Andronikou sur la façon dont la formation scolaire et le marché du travail artistique transforment les rapports de genre dans la musique traditionnelle grecque, et de façon toute pratique ensuite, en venant écouter au bar « Le chat noir » la musique du groupe « Ta Alania » pour notre soirée de clôture : et pourquoi pas vous initier à cette occasion aux danses de groupe ? Vous pouvez retrouver tout notre programme ici, programme à propos duquel nous remercions Angeliki Drongiti et Karine Lamarche pour nous avoir soufflé quelques idées !
C’est donc à travers un panel d’invité·e·s, chercheur·e·s et artistes grec·que·s ou travaillant sur la Grèce que nous vous proposons, depuis Nantes, ce voyage sociologique à travers un pays européen à la culture multiséculaire et qui traverse, dans son histoire récente et contemporaine, des enjeux importants et qui font échos à ceux abordés par les étudiant·e·s dans leur cursus en sociologie. Όλοι μαζί! C’est tou·te·s ensemble, étudiant·e·s de sociologie ou d’ailleurs, personnels de l’université et public extérieur, que nous vous invitons à venir chausser les lunettes des sociologues pour le découvrir !